La voix et son double
Quel est ce Double harcelant, qui confronte le sujet à sa division et au spectre de la folie ? Objet obscur du manque, son inquiétante étrangeté a pour jumelle l’angoisse de répétition, et pour racine masquée l’angoisse de castration.
Doubles fantasmatiques, ou doubles hallucinés, ces sosies, comme une bande de Moebius, jouent à cache-cache dans l’extime obombré et l’intime énigmatique de ce double-huit qui à l’infini se duplique.
Entre démoniaque et symbolique, la voix, agalma-adamas est un Janus bifrons. Dans l’entre-deux du « semblable », elle mène double-vie, dans le refoulé de ses origines à la genèse du Verbe. Double vocal, sublimé ou dénié, entre symbolique et réel, entre sirène et bombe, entre plaisir et j'ouïs-sens, il n’a jamais posé le sujet du bon côté de l’entendement. Double peine pour le parlêtre funambule, bégayant d’une oreille à l’autre et cherchant à tenir bon la barre du Dire.
Dans le temps de l’acte analytique, ces doubles des voix abîmées, momies artefactuelles scellées dans le secret des alcôves, se risquent à défier la perpétuelle répétition. Au registre des doubles, l’analyste est appelé à trancher les ligatures du mot aliéné au Bis repetitA, pour en extraire l’objet a, porteur sonore des voix manquantes, comme double en creux mis à l’épreuve du silence et du transfert.