Voix Fantôme, Voix fétiche
Que veut le fantôme ?
La voix défunte harcèle l’oreille frissonnante, et nous parle d’un deuil inachevé. Voix d’outre-tombe, elle fait alliance avec le fantasme, et pulse sans cesse dans des restes vocaliques et lambeaux langagiers. Dibbouk d’entre deux mondes, âme éperdue condamnée à l’errance mutique, elle cherche une glotte d’emprunt pour parachever sa trajectoire parlante. Membre fantôme de la castration, elle joue les illusionnistes ; trompe-lamort, passe-muraille du Réel, elle déclame son Requiem et fait jointure dans les temps éclatés par la disparition. Fétiche élevé au rang d’idole de l’absence, funambule de l’oubli, la voix des-feintes éclabousse d’effroi les gouffres mélancoliques. Fantôme et fétiche ont l’art du surgissement insolite ; triomphant du Rien, taraudant le vide, se moquant des apocalypses, ils font ainsi métaphore à cet effet d’inouï. À l’écoute de ce palimpseste sonore, l’analysant se désinscrit de ces grappes de miasmes fantomatiques vocaliques. Allongé sur le divan la tête entre les mots, à la recherche de chardons bleus d’autremer, il traduit la mélopée de ces voix spectrales qui le colonisent. Cet autre fantomatique, en absence de mots à perpétuité, c’est celle ou celui d’avant, Fata Morgana surgissant à l’horizon de sa parole en devenir...