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Chanter pour mieux voirchanter pour mieux voir

Seminaire CRIVA Mardi 14 Juin 20h30, avec Myriam Hammani

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ARGUMENT :

En tant que plasticienne, je me pose la question suivante : comment un dispositif interactif numérique peut-il engager le regardeur à sortir sa voix ? Est-ce qu’il existe un lien entre l’activation du regard et du chant ? Surement, car la psychanalyse a travaillé au lien entre pulsion scopique et invoquante. Là où l’inconscient et le récit se manifestent, la physiologie est toujours présente. D’où une deuxième question : existe-t-il un lien physiologique entre la voix et le regard, et alors ce lien pourrait-il stimuler le développement de la synesthésie ?
Nous avons pu expérimenter que l’art interactif a le potentiel de susciter la pulsion scopique dans son croisement avec la pulsion invoquante. Car en tant que créatrice d’images et vocaliste, nous avons trouvé que l’action de créer une image avec son geste de peintre et de vocaliste, c’est-à-dire chanter des motifs sonores en choisissant les couleurs et les formes, nous permettait de « tâtonner » la matière avec plus d’investissement et d’élan, nous renvoyant au « tâtonnement » psychique de nos propres pensées. Ce genre d’action synchronisée pourrait être comparée à un jeu de combinaisons changeantes entre la couleur, la forme, le narratif et sa relation avec le corps engagé. La finalité de ce jeu donnant naissance à de nouvelles compositions visuelles dynamiques et narratives. En effet, c’est une méthode qui donne place à de nouvelles expériences multimodales.
Cette méthode est inspirée par la méthode de composition musicale « hallucinatoire » d’Olivier Messiaen dont son œuvre « Apparition de l’église éternelle » (1931-1932) qui a été créée en utilisant ses recherches sur l’ouïe colorée et la synesthésie. Il aimait fixer son regard sur les couleurs changeantes des vitraux pour entendre dans son oreille interne, des nouvelles mélodies et harmonies qu'il exécutait immédiatement sur l'orgue. Ainsi sa méthode de compositeur improvisateur se liait avec les jaillissements de lumières et couleurs. Nous nous positionnons aussi sur la méthode de peinture couleur mémoire de l’expressionniste Joan Mitchell en étudiant son triptyque " Wet Orange" (1971, 1972) qui lie sa mémoire à la couleur et la forme. Elle communique une sensualité multimodale entre la couleur d’un moment vécu associé à l’objet qui l’émet et un souvenir affectif.
En seconde partie de l’intervention, nous évoquerons le processus de création de films interactifs stimulant la voix. Il implique l’intégration des éléments repérés lors de la « peinture hallucinatoire vocalisée » qui me permettrait de choisir des éléments attractifs et plus aptes à inviter la voix à chanter des mélodies et des harmonies devant le film interactif. Je parlerai de mes références basées sur les recherches du plasticien et chercheur Edmond Couchot et du peintre cinéaste synesthète Charles Blanc-Gatti.
En tant que plasticienne et vocaliste je construis des dispositifs interactifs avec la voix pour engager le spectateur à participer plus intimement avec sa propre voix. Ce sont des installations filmiques et sonores qui réagissent au volume de la voix du regardeur. Comme dans l’installation « Novas, l’enfant de Paris ». Ces choix de cadrages, tournages, de sons et de narratifs, selon le parcours de l’installation, sont inspirés par les recherches du neuropsychologue Oliver Sacks.

Myriam Hammani est enseignante-chercheuse à l’université polytechnique hauts de France à Valencienne. Elle mène des recherches expérimentales sur les dispositifs interactifs vocaux et corporels qu’elle nomme « Neural Ocular Voice Art System ». Actuellement elle mène une thèse sous la direction du professeur Amos Fergombé au département DeScripto intitulé : « Dispositifs interactifs vocaux et expériences corporelles « Performance art », mémoire et approches synesthésiques »
Elle est, également plasticienne vocaliste spécialiste de la méthode « Hallucinatory Painting with Voice » qui consiste à trouver les couleurs et les formes d’un paysage par le biais de motifs sonores chantés. Elle a étudié la peinture et l’art numérique sous la direction d’Ed Zajec. La neurobiologie sous la direction de Norma Slepecky en tant qu’assistante de laboratoire et la vidéo-art avec Tom Sherman à Syracuse Université. Elle a obtenu une bourse pour la composition sonore sous la direction de Pauline Oliveros et Neil Rolnick à Rensselaer Polytechnique Institute, New York. Elle a également étudié le chant lyrique sous la direction du maître de choral et organiste John Joseph McCarthy à New London, Connecticut.

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Le colloque est terminé

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