Cri blanc
Que dire, quand la voix éclate, se diffracte dans le cri ou se perd dans les limbes du silence ? D’où crie, tire à blanc, hurle à la mort, ce silence de plomb qui suinte des murailles du langage, ou s’effiloche sur les franges de l’innommable ?
Cri d'appel par le vide, ce silence assourdissant est un effacement de la trace, une déchirure de la parole. L’appel devenu lettre morte, crie à blanc, criblant de trous en rafales le palimpseste de notre histoire. Cri
agonique mimant le cri premier, il enfonce le clou du silence invoquant. Cri de défaite d’une voix précipitée dans sa chute, ce silence de mort crevasse la lettre échouée en littoral de la parole. La voix prend alors des allures de silice, dissimulé sous l’appel.
Venu du lieu où se rencontrent Eros et Thanatos, ce cri funambule amputé de ses couleurs et blanchi jusqu’à l’os présentifie l’aphanisis. Aspiré dans ce trou sans fond, et sans margelle, le sujet reclus crie au loup dans un désert balayé par le rien qui confine au désastre.
Échappant à sa nudité, ce cri muet munchien incite cependant à reprendre lettre, nommer cette voix brisée, et la repeindre depuis une palette coloratur.