Centre de Recherche International Voi Analyse

Langue d'affichage

 

Voix sorcieres

Seminaire CRIVA Mardi 6 Juin 2023, 20h30, avec Véronique Truffot & Magali Roumy Akue 

Les vidéos ne sont accessibles qu'aux adhérents, identifiez vous ou Adhérer

ARGUMENT :

Ces deux mots associés – voix, sorcières – drainent des imaginaires puissants que nous allons tenter de déplier afin de les laisser parler, de les entrevoir. Tel le génie enfermé depuis des temps indéfinis dans sa lanterne, elles ont été recluses au silence. En dépit d’une redoutable et méticuleuse machine de guerre, les bourreaux n’ont réussi qu’à moitié leur entreprise exterminatrice. Si les flammes ont emporté les corps, elles ne sont pas parvenues à atteindre le désir vital, brûlant, que les voix ont de se faire entendre. Labiles, certes, mais puissantes elles résonnent et reviennent poursuivre le récit brutalement interrompu. Les voix sorcières sont multiples : magiciennes, cartomanciennes, prophétesses, sirènes, pythies, armides... Elles sont femmes, plurielles et singulières, elles fascinent, enchantent, effraient. Que disent-elles, que nous disent-elles, de ce qui se meut de l’intérieur, ce continent obscur qu’est l’inconscient, qu’il soit individuel ou collectif ? Elles traversent le temps et l’espace. Pourtant, si cette figure archétypale de la sorcière est avant tout une représentation féminine en Occident, en Afrique centrale on lui préfère son acolyte masculin. Qu’il s’agisse de sorcier ou de vampire, les attaques sorcellaires sont essentiellement des affaires d’hommes. Mais ce serait une erreur de penser qu’il s’agit là du déni de la puissance féminine, bien au contraire ! Au Gabon, si la femme est privée de pouvoir dans l’espace social, c’est justement parce qu’on considère qu’elle domine l’homme. L’origine de sa force réside dans la vie qu’elle a la faculté d’engendrer. Plus douées pour les choses spirituelles, les femmes sont craintes, d’où le besoin de circonscrire leur espace d’expression. Mais là encore, quelle que soit la violence exercée pour les bâillonner, les voix débusquent l’interstice pour s’élever et s’extirper du mutisme. Les femmes gabonaises ne sont pas nommées sorcières mais en ont toutes les caractéristiques, du moins celles contenues dans l’imaginaire occidental.  Ce séminaire se veut boîte de pandore de laquelle sortiront les maux, les sorts, les charmes et les mortes. D’Afrique, d’Europe, du Sud, du Nord, les histoires et mythes parfois convergent autour de figures tutélaires qui concilient, réconcilient, les différences les plus radicales. Quels secrets les voix sorcières pourraient-elles donc nous livrer d’une connaissance volée ?