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La voix angoissée par la parole  13/10 Claire Gillie 

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ARGUMENT :
Dans son séminaire XI de 1964 « LES QUATRE CONCEPTS FONDAMENTAUX DE LA PSYCHANALYSE », à la Leçon du 11 mars 1964, Lacan évoque le « registre de l’œil comme désespéré par le regard ». Il en fait le paradigme du rapport qui unit le peintre à la fonction du tableau. « Et ce rapport foncier du a au désir » lui sert pour introduire ce qu’il a développé « concer¬nant le transfert ».

 Dans son sillage, nous nous interrogeons sur ce qu’il en serait d’une mise en résonance de ses avancées dévolues à la pulsion scopique, pour interroger la pulsion invocante dans son rapport au Dire. Autrement dit, en quoi la voix angoisserait-elle ou désespèrerait-elle la parole ?
Après avoir posé la problématique sertie dans ce questionnement, nous évoquerons le cas de Claudia qui évoquait sa « voix en lambeaux ». Elle parlait par bribes de « petits bouts de voix » qu'elle présentait parfois accompagnés d'un souvenir olfactif. Sa voix en appelait à plein d'autres. Sa voix qui était « malade », elle n'en parlait pas ; elle nous envoyait des « lambeaux de phrases » pour évoquer « des petites parcelles de voix », donnant des éclairages sur des « petits bouts de son passé ». [...] Les images étaient surprenantes, et elle faisait de ces « petits bouts de voix » un poème à la voix, une véritable « ode grinçante » aux voix de son passé, d'une richesse étonnante d’évocation. Il pleuvait sur nous comme une pluie de confettis de mots, colorés par une voix animée, pleine d'images. Aucune « plainte » n’avait été formulée à l’encontre de son symptôme ; pourquoi serait-il venu faire taire ce festival poétique sur un objet, la voix, qui se trouvait là magnifiée.

 

 

Cela nous renvoyait à ce qu’écrit Alain Arnaud dans Les hasards de la voix : Le poème, recueil de lambeaux de corps, de morceaux de voix, écriture sonore qui tente de retrouver l’origine dissimulée, de reconstituer l’unité éclatée. Eclos dans la perte de l’être, il accueillerait la trace d’un acharnement, celui de la voix poétique à reconduire une présence, à redonner sa chance à l’être.

 

Affiche voix angoissée par la parole