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Voix phénoménales ou l'objet inouï

Seminaire CRIVA Mardi 19 Avril 20h30, avec Paul-Laurent Assoun

Intervention en lien avec le colloque "Voix fantôme, voix fétiche"

Extraits de son intervention figurant dans le livre Voix fantôme, Voix fétiche, en ligne sur le site du CRIVA https://www.criva.fr

Le postulat fécond de l’insonorité foncière de la voix, à l’aune de l’inconscient, n’empêche pas l’appréhension de sa phénoménalité, elle l’exige au contraire d’autant plus, retour de son irréel au cœur de la réalité phénoménale, celle de l’autre comme du sujet même. Le phénomène vocal se déplace, en son ressort inconscient, en cette dimension où il fait entendre l’insonore. Tant la voix a une existence écholalique. Ce dont l’enfant a l’intuition quand il se plait à répéter, de façon harcelante, les phrases de l’autre. C’est le double fantomatique qui l’accompagne, telle une ombre vocalisée. Qu’est-ce que l’écho, sinon le fantôme spéculaire de la voix réelle ? La voix est « obombrée » par une aura en son genre fantomale. Dans l’écho, l’être vocalisant en reçoit la révélation fascinée.
Le fétiche est, selon la lecture freudienne, le signe commémoratif de l’angoisse, nommément de castration. Il se cristallise en commémoration d’un trauma, d’un trou… « trou-matisme », le célèbre calembour s’impose. Le fétiche a donc ce point commun avec le fantôme qui est son mode d’apparition. Cet étrange objet surgit en formation réactionnelle de l’évidement lié à la castration, avec un relief insolite particulier.
Or, la voix tend à la fétichisation, telles ces voix éclatantes, entendons dotées d’un éclat idiosyncrasique, brillante suppléance qui leur donne « relief ». La « belle voix » est l’antidote de la cacophonie. On comprend pourquoi : la voix qui soutient la parole peut aussi s’en séparer… On peut aimer une voix pour elle-même, indépendamment de ce qu’elle sert à articuler. Cette sécession a pour corrélatif un effet fétichisant. C’est qu’en sa fonction inconsciente, la voix fait écran à la castration, convertissant l’angoisse en jouissance. Elle peut être le point d’accrochage du fantasme amoureux, le désir pouvant s’amorcer par la voix, détachée du corps.


Paul-Laurent Assoun est Psychanalyste et philosophe, Professeur émérite de psychopathologie et psychanalyse à l’Université Paris 7 Denis Diderot, ancien directeur de l’UFR Sciences humaines et cliniques, membre d’Espace Analytique et du CRPMS, directeur de plusieurs collections chez plusieurs éditeurs. Paul-Laurent Assoun a été le responsable universitaire du D.U. Voix et Symptômes, psychopathologie et clinique de la voix, de sa fondation en 2013 jusqu’à la dernière session de 2020. Il remet sans cesse au travail l’œuvre laissée par Freud et ses continuateurs, pour assurer les soudures entre épistémologie et clinique : ses 700 livres et articles s’imposent sur la scène française et internationale des œuvres consacrées à la psychanalyse. Deux de ses ouvrages, Le Regard et La Voix, et Corps et Symptômes, ont été à l’origine de la fondation de ce D.U. Voix et Symptômes. Il est également président du conseil scientifique du CRIVA.

Le colloque est terminé

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