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Le séminaire est passé

Avec Micaëla ; la Voix de l'autre femmetableau_micaela.jpg

Seminaire CRIVA Mardi 18 janvier, autour de Claire Gillie 

Argument :

Que veut une femme ? Que veut Micaëla trop souvent éclipsée par Carmen ?
Bizet répartit ces deux figures du désir au féminin évoquées par Garcia Lorca - mi-diabolique, mi-angélique - entre Carmen et Micaëla. Carmen porte en elle, dans son nom et dans ses airs, un flamenco exubérant qui fait danser mélodies et refrains sur des rythmes endiablés de danses typiquement locales. Micaëla, elle, est du côté du duende.


Prendre la place de la mère, se faire voix du désir de la mère, contre le désir de Carmen, ce sera la mission sans concession que se donne Micaëla tout au long de l’opéra Carmen. Comment s’inscrit le ravage maternel dans cette quête de la femme vers son « inaccessible étoile » (comme le dit la chanson) de l’Autre femme ?
Comment se laisser enseigner depuis la scène lyrique par la Micaëla de Carmen, pour éclairer les sombres mélopées de nos patientes et patients échoués sur la scène analytique ? Qu’entendre de la voix de Micaëla, qui comme toute voix qui se déploie sur la scène lyrique, écrit une nouvelle page de la pulsion invocante ?
Ecartelée entre la signification et la musique, la voix d'Opéra est en procès constant avec elle-même. Ses tentations extrêmes sont marquées par des figures vocales s’opposant dans un florilège de rôles. L'opéra, est, d’une certaine façon, la mise en scène paroxystique de cette voix en procès, qui ne peut trouver que la mort chaque fois qu'elle a la tentation de développer séparément l'ordre du sens et l'ordre du son.


Certains noms propres du « sans-voix », chez Freud – comme Cordélia engoncée dans son silence - en appellent à une clinique du ravage, témoignant d’un trou, d’une béance dans le langage, donnant à voir une éclipse du sujet parlant et désirant. Eclipse qui ne cesse de s’écrire dans les apparitions et éclipses de Micaëla.
Cette « béance », Lacan nous a appris à entendre non pas du côté du « manque », mais du côté du « gouffre » au niveau du sujet : « car désirer c'est avoir à se constituer comme sujet, et pour lui la seule place d'où il puisse le faire est celle qui le renvoie à son gouffre ».
Pour Micaëla comme pour l’Aimée de Lacan, certains de nos patients redoublent la conjugaison de leur espace poétique et de la pulsion invocante avec une scansion de gouffre.