La disphonie spasmodique à l'épreuve de la psychanalyse ; Claire Gillie
Argument :
Parmi les dysphonies répertoriées dans le discours médical, la dysphonie spasmodique se manifeste par des contractures incontrôlables du larynx qui viennent opposer une écluse anarchique au flux vocal. Lequel bute contre cette contracture et devient à son tour anarchique ; certains phoniatres parlent alors d’une forme de « bégayement du larynx ». Cette dysphonie semble récalcitrante à tout traitement médical, et même à la rééducation : les patients réclament d'ailleurs un geste médical, voire chirurgical, ou font appel à une injection de toxine botulique qui permet une certaine rémission pour quelques mois.
On trouve souvent à l’origine de ces dysphonies d’adultes des dysphonies aiguës ou chroniques de l’enfant. On peut supposer que les symptômes présentés par Dora à Freud, étaient ceux d’une laryngite sous-glottique, à savoir une dysphonie aiguë du jeune enfant qui se caractérisait par une toux rauque, une dyspnée laryngée pouvant même le conduire jusqu’à la détresse respiratoire - toux, gêne respiratoire et aphonie se disputant le premier rôle à tenir sur cette scène de la « défaite vocale ».
Une dysphonie spasmodique peut-elle céder sous transfert ? Que nous enseignent les analysants lorsqu’ils s’affilient à ce symptôme, et s’en délocalisent ? Comment appréhendent-ils ce sphincter à risque qui leur est dévoilé sous la distorsion des spasmes et contractures ? Quel est ce spasme, cette « crampe de l’être-parlant » qui s’étrangle et se révulse lorsqu’il trouve porte close dans le regard et l’écoute de l’autre ?